Je n’aurais jamais imaginé que cette soirée, passée nue sur le parquet tiède d’un appartement anonyme parisien, allait être le point de rupture de l’année 2019. Il faisait une chaleur de four ce soir d’août, une chaleur qui durait depuis plusieurs jours et allait encore se prolonger, sans une once de vent, une chaleur telle qu’une fois sortie de la douche juste avant la séance, ma peau a refusé de sécher complètement et est restée moite alors que je tentais de me rhabiller. C’était la canicule, et j’étais heureuse d’avoir répondu sur un coup de tête pour cette séance impromptue, moi qui la repoussais depuis quelques mois.
Beaucoup trop de changements des derniers temps. En années, en mois, en jours. Trop vite parfois, trop intenses aussi. Perdre la moitié de mon poids, montrer un corps marqué, avec une cicatrice me coupant littéralement en deux ? Je pouvais le faire. Ce n’est qu’une étape après tout. Et je l’ai fait. Ce corps transformé, couturé, tatoué, je n’ai jamais eu honte de le montrer, même avant ladite transformation.
Oh je ne dis pas que je me trouve belle en photos ou que je recherche les objectifs avec avidité ! Loin de là. Je suis plus souvent derrière le boîtier que devant. Mais montrer mon corps, le dévoiler en privé ou en public, cela ne m’a jamais posé de problème. On m’a déjà plusieurs fois traité d’impudique. Je le suis sans doute. Me montrer n’est pas une passion, ni un besoin ou une nécessité. Mais ce soir-là, c’était le bon moment, l’instant qu’il fallait. J’étais bien.
Les jours, les semaines et les mois suivants allèrent être beaucoup moins agréables.
Quelques pas non planifiés en soirée, une pause sans attente.