Il y a des séances exceptionnelles, où on sait sur place que les photos vont avoir ce petit quelque chose de différent. J’ai toujours cherché ma recette, ce qui fait que parfois la sauce prend et parfois non. Tenter de reproduire une séance passée est une méthode qui n’a jamais fonctionné pour moi. Et pourtant… il faut bien qu’il existe quelque chose.
Faute de mieux je réponds parfois que ça dépend de l’ambiance sur place. C’est un peu une façon de dire « je ne sais pas bien mais ça n’a rien à voir avec toi ou ta silhouette ». De ça au moins je suis certain.
Et puis là, je me rends compte que les réussites rassemblent quasiment toujours les trois mêmes ingrédients. Ça n’en fait pas une recette mais c’est tout de même un bon indicateur.
Trois ingrédients : Le lieu, le lien et le temps.
D’abord le lieu. Je suis fan de la lumière large et diffuse des grands panneaux japonais blancs de mon salon mais finalement ce n’est qu’accessoire. J’ai besoin d’espace.
J’ai essayé les petits appartements parisiens. La moindre pose et j’ai un angle de pièce, une étagère avec des objets personnels ou un meuble absolument pas neutre dans le champ. Ne parlons même pas de tourner autour du modèle ou de prendre du recul sur un allongé sans que rien ne vienne gêner dans le fond.
Je retouche les fonds pour faire disparaitre les prises ou les petits objets mais je ne peux pas faire de miracle. Au delà de la retouche, ça joue aussi forcément sur ma disponibilité sur place. Si je pense à éviter de mettre n’importe quoi dans le champ, c’est autant de disponibilité mentale en moins pour autre chose.
Donnez-moi de l’espace et du parquet, peu importe sa couleur ou son état mais du parquet, et à défaut des assemblages de tapis. Carrelage ou plastique imitation bois sont juste des repoussoirs.
Ensuite le lien et le temps. Ça parait évident après coup mais le second ingrédient n’est pas l’affinité avec la modèle ou ses motivations, c’est d’avoir établi un lien. Généralement ça se fait en parlant longuement avant le jour des photos. Ce qui est certain c’est que si on se parle peu, si je ne sais pas si réellement la personne en face de moi comprend ce que je fais et pourquoi, si je ne suis pas en pleine confiance, ça se voit sur le résultat.
Le lien et le temps, parce que ça se traduit aussi sur place. Il s’agit de prendre du temps, de discuter. Les séances de trois à quatre heures montrent un esprit souvent assez différent des séances de deux heures. On passe du temps plutôt que de juste « faire des photos et voilà ».
Le lieu, le lien et le temps. Parfois il y a des choses magnifiques sans ces ingrédients, mais je crois que dorénavant je vais fortement filtrer sur ces critères avant d’imaginer faire des photos.