Le monde nous entoure. Il y a ceux qui, comme moi, se sentent obligés d’être en veille permanente. Attente, surveillance, contrôle. Ces sentiments nous rongent.
Et il y a ceux qui arrivent à fermer les yeux et se baigner dans le monde, assurés de leur propre acceptation. Ils en sortent tellement beaux.
Je pose trois règles lors des poses : La tête ne doit pas se tourner droit face à l’objectif, le regard vers moi uniquement quand je le demande, et les yeux doivent être fermés dès qu’on est allongé.
Cette demande surprend parfois. Allongé sans rien faire les yeux ouverts c’est une posture de surveillance, voire de défiance. C’est encore plus le cas avec du nu. On y interprête vite une posture de mal-être et de contrainte.
On peut montrer autre chose, mais en forte complicité ou en amour sincère. Ce lien n’existe pas ainsi entre le modèle et le photographe d’un jour. La complicité n’est pas de ce registre et le résultat ne fonctionne souvent pas. Les yeux ne mentent pas, ou difficilement.
Je choisis mes allongés dans une seconde phase de la séance, quand le modèle est en pleine acceptation du moment. Là on peut mettre en valeur le calme et la plénitude, parce qu’ils sont vrais.
Le plus beau compliment me vient des modèles prêts à s’y endormir. Un jour j’aimerais que l’une d’elle me raconte ces moments avec ces propres mots. Je ne peux qu’essayer de deviner.