« Je montre les corps »
J’ai fini par le dire ainsi, pudiquement. Je peux dire que je fais du nu mais je me sens alors souvent obligé d’ajouter « mais pas d’explicite », comme si c’était honteux.
Or ce ne l’est pas et, d’une certaine façon, je fais bien de l’explicite, ou je pourrais en faire. Je ne suggère pas le nu, je le montre. Je montre des hanches, des seins, et je ne vois absolument pas pourquoi je m’interdirais une pose similaire à celle de l’Origine du monde, y compris sans que ce ne soit pour faire référence à une œuvre connue.
Le corps n’est pas tabou, ou ne devrait pas l’être. C’est bien une partie du message
Alors quoi ? La meilleure expression de tout ça je l’ai trouvée au détour d’une émission de France Inter : La différence est dans l’intention.
Avec l’artistique l’intention est dans le message exprimé ou dans la recherche graphique.
Avec l’érotique on cherche de succiter le désir, éventuellement l’excitation ou au moins l’attrait sexuel.
Si l’intention est d’assouvir ou permettre d’assouvir le désir, l’excitation ou la curiosité sexuelle, on est alors dans la pornographie.
L’intéressant est que cette catégorisation dépend de l’auteur ou de celui qui publie, pas du contenu de ce qui est publié ou de la morale de la société.
L’art peut choquer, ça n’en reste pas moins de l’art. La pornographie peut probablement avoir une recherche artistique et un travail soigné, ça n’en restera pas moins de la pornographie.
Tout n’est pas binaire, et on peut certainement porter aussi un message dans une œuvre pornographique, mais j’imagine que l’intention première ressort toutefois clairement.
Et donc, je ne m’interdis pas de montrer. Je ne cherche pas forcément à cacher ou à rester dans la suggestion.
Pour autant, malgré la connotation pompeuse du terme, je ne fais et propose que du nu artistique. L’intention secondaire érotique m’intéresse parfois mais la pornographie m’est totalement étrangère.